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23/07/2017

Édith de la Héronnière, Mais la mer dit non

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   Non est un mot brutal. Il n’a pas la rondeur du oui. S’il fallait lui attribuer une couleur ce serait le noir, ou le blanc de la mort. Ses connotations sont, si l’on peut dire, négatives, hostiles et rédhibitoires. Les images qui l’accompagnent sont loin d’être sympathiques ; un mur, une porte qui se ferme sous le nez de celui qui reste dehors, un visage qui se rétracte devant celui qui est regardé, une main qui se crispe sur le bras de l’enfant et l’empêche de courir, de chahuter, de rire. Non est la barrière, la signalisation ronde et rouge coupée en deux par un trait horizontal sur les routes, sur les portes, dans les cœurs. Le mot nous ramène à l’enfance et à ses interdits qui sont la face noire de l’apprentissage qu’ensuite la vie se charge de gommer. Erreur, impasse, mauvais chemin, mot de mélasse et de goudron dont la lumière semble absente. Qui d’entre nous aime à se l’entendre dire ? Mais un abîme existe entre celui qui le prononce et celui qui le reçoit. Et dans la vie nous nous trouvons tantôt d’un bord, tantôt de l’autre bord de cet abîme, sans qu’il soit possible de l’enjamber.

 

Édith de la Héronnière, Mais la mer dit non, Isolato, 2011, p. 18.