06/02/2012
Marie Étienne, Lettres d'Idumée
Le mal des choses
Cette année-là l'hiver
en elle le désir de sommeil
obscure et sourde en elle l'attente
Je fus prise jusqu'aux vastes rives
par les questions
Le mal des choses ne s'invente pas
ni le deuil qui efface ni
l'ombre
Du côté lent de la prairie
midi me brûle
je franchis l'eau
avec des floraisons de rage
pour les promesses comme limite
l'air léger sans rideaux
Elle écrivait viens voir
comme je vis blessée
La chambre est petite, sèche
Je suis restée debout toute la nuit et toute la journée
et j'ai laissé entrer le vent
Tout autour il y a des bouleaux gros et blancs, un saule
qui retombe sur l'eau
Elle ne comprenait rien car elle avait appris trop vite
elle ne comprenait pas les mots seulement les
chansons craignant le sang comme appliqué par
une main
Elle reposait, sa tête renversée se débattait sur l'oreiller,
point si grande, le sourcil oblique
[...]
Marie Étienne, Lettres d'Idumée, Poésie 82 Seghers, 1982, p. 49-51.
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