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28/12/2012

Andreï Voznessenski, La poire triangulaire

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Je m'exile en moi...


 Je m'exile en moi

                             je suis mon faubourg

flambent mes sapins refermés

 

sur mon visage trouble comme un miroir

sombrent les élans et les pergolas

 

je suis le fleuve et je suis l'univers

qui passe encore au-delà de mon horizon

 

trois soleils rouges saignent parmi

trois bosquets tremblants comme des vitraux

 

trois femmes luisent en une seule

comme des cubes l'un dans l'autre

 

l'une m'aime et rit aux éclats

l'autre en elle bat des ailes

 

et la troisième dans un coin

hérissée comme un charbon ardent

 

ne me pardonne pas

et veut encore se venger

 

et son regard s'illumine comme une pièce

au fonds d'un puits.

 

Andreï Voznessenski, La poire triangulaire, poèmes traduits

du russe par Jean-Jacques Marie, Denoël/Les Lettres

Nouvelles, 1971, p. 49-50.