Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

24/12/2011

Edmond Jabès, Je bâtis ma demeure

imgres.jpeg

La tortue

 

Toute à sa lenteur

comme l'aiguille à

l'heure elle détruit

l'immobilité

de la nuit pierreuse

devenue chemin

Le but est grenade

fendue par l'attente

aux écailles larges

La soif a les yeux

mornes des brasiers

qu'elle décourage

 

 

La fourmi

 

Fermière des ans

rivée à la terre

L'été c'est le coq

Avec les racines

audacieux paysage

elle épelle l'arbre

d'hier et de demain

Une perle au front

de la discipline

 

 

           La métamorphose du monde

 

L'insistance qu'ont les flammes à mettre les points sur les i

Le départ est fixé au lendemain de la course

On applaudit les nains qui d'une main atteignent

le nombril des saisons

Les oiseaux participent à la métamorphose du monde

S'envoler pour permettre à l'étoile de s'envoler enfin

La tête en bas les pieds n'ont plus leur raison d'être

sinon de crever les nuages

Le feu a pris dans les maisons L'homme pour lui

ne réclamait pas tant de chaleur

mais

 

Edmond Jabès, Je bâtis ma demeure, Poèmes 1943-1957,

préface de Gabriel Bounoure, postface de Joseph Guglielmi,

Gallimard, 1959, p. 266, 266 et 233.