01/12/2020
Pierre Vinclair, Le Confinement du monde
Pour la première fois en quinze jours, je sors
dans la rue : les maisons ont masqué leur visage
essoufflé de rideaux sous les échafaudages
déserts— squelettes d’acier, têtes de mort.
Un métro aérien, filant ma métaphore
mystérieusement laisse dans son sillage
étouffé les voitures céder le passage
aux piafs hurlant dans un silence d’oxymore.
Le panier à la main, j’attends la fin de l’heure
des vieux sous un prunier mauve toussant ses fleurs.
L’immunité me fait comme un micro-pouvoir
parmi les Londoniens fuyants ; quand je pénètre
chez le marchand de vin, il est en train de mettre
une vitre anti-postillons sur son comptoir.
Pierre Vinclair, Le Confinement du monde, Lurlure, 2020, p. 30.
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