31/10/2023
Terrance Hayes, Sonnets américains pour mon ancien et futur assassin
Mais jamais il n’y eut d’hystérie de l’homme noir :
Comme si tu n’étais pas l’époux de Toni Morrisson,
Forcé par l’amour à la regarder fleurir, de même qu’à littéralement
Prendre en volume. Les boucles de ses cheveux empêchaient
Ta peau de jamais toucher la sienne. Tu n’as jamais
Senti le creux de sa nuque, bien que tu l’aies aperçu
Quand sa tête s’inclinait pour illuminer le papier. Comme si
Tout était outil ou arme. Souvent, tu as offert
Ta mesure, mais elle préférait son propre chant.
Comme si elle voulait rendre ta noirceur plus étrange,
Plus élaborée, plus caractéristique, finement accordée
Et raffinée. Soap Head church, Empire State, Guitar,
Gideon, Son. L’hystérie consistant à se multiplier et se diviser
Dans l’esprit de ton amoureux jusqu’à en perdre l’esprit.
Terrance Hayes, Sonnets américains pour mon ancien et futur assassin,
traduction Guillaume Condello, préface Pierre Vinclair, Le corridor bleu, 2023, p. 57.
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