25/08/2015
Velimir Khlebnikov, La création verbale
I et E, Récit de l’âge de pierre
1
— Où est-elle I ?
Au plus profond des bois
Nous lassons vainement
nos voix.
Nous appelons I,
mais elle n’est pas,
la famille se lamente.
Déjà la frange de l’aurore
éveille toute vie,
les sommeils des vivants.
2
Une branche
craque
au passage de l’écureuil leste.
Le scarabée
s’étonne
dormant sur l’onde.
Les enfants de l’onde rient,
secouant leur tête,
leurs épaules menues se profilent,
et dans l’air tourbillonnent,
titillent, stridulent
et volent dans leur chanson vive les sauterelles.
3
— Ô, dieu du fleuve,
ô, père de l’onde !
les vieillards
viennent t’implorer.
Que l’homme rapporte du saumon
de bon poids, à la peau noire.
Aïeul aux cheveux blancs, nous te prions,
appuyés sur notre massue.
Fais en sorte que, brisant leur course,
les cerfs tombent, atteints par nos flèches.
Nous te conjurons
à genoux.
[...]
Velimir Klebnikov, La création verbale, traduit du
russe par Catherine Prigent, Christian Bourgois,
1980, p. 99-100.
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