30/03/2012
Jan Wagner, Archives nomades
forêt en février
un laboratoire secret dans une cave qu'en toute hâte
on camoufle dès qu'approche les pas d'un non-initié ;
pendant que sous l'écorce fébrilement
s'élabore la formule de l'été qui vient.
la mousse, penchée sur des troncs renversés,
comme un bibliothécaire sur de vieux in-folio.
de temps à autre, un oiseau réduit brusquement
au silence par quelque passant.
les racines qui étaient la terre.
les branches qui étaient le ciel.
la pâle flaque de lumière dans sa grisaille
comme si tout là-haut s'ouvrait une lucarne.
februarwald
ein heimliches kellerlabor das man hastig tarnt
sobald die schritte uneingeweihter sich nähern;
unter der borke derweil wird fieberhaft
an der formel des kommenden sommers gearbeitet.
das moos, über umgestürzte stämme gebeugt
wie ein bibliothekar über alte folianten.
ein vogel ab und an der unvermittelt
von irgend jemandem zum schweigen gebracht wird.
die wurzeln die erde zusammenhalten.
die zweige die den himmel zusammenhalten.
die blasse lache licht in dessen grau
als würde weit oben eine luke geöffnet.
Jan Wagner, Archives nomades, édition bilingue, traduit de
l'allemand et postfacé par François Mathieu, Cheyne éditeur,
2009, p. 23 et 22.
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