Fernando Pessoa, Pour un "Cancioneiro"
20/11/2017
Ma vie aura été, en somme,
Autant subalterne qu’obscure,
Sans bonne ni mauvaise part,
Ombres de haillons dans la brume.
Comme un caissier je suis resté
Posté derrière un guichet nul :
Poète ou amant, nul Catulle
Ne devient conseiller d’État.
Et même quand on m’a aimé
Il semble que l’on m’offensait.
L’habit humain dont j’ai été lardé
Ses boutons même ont tous sauté.
Me voici calme, un peu plus sûr
Un tant soit peu moi désormais :
Voyant, après coup, le portail ouvert,
Mais disant toujours : "Ce n’est pas chez moi".
Fernando Pessoa, Pour un « Cancioneiro », dans Œuvres
poétiques, édition Patrick Quillier, Pléiade/Gallimard, 2001.
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