23/12/2022
Jean Tardieu, Accents

Premier dernier amour Tout est mort. Même les désirs de mort Sont morts. Ce qui grandit est sans figure. Les mains, les yeux — déserts. Toute mesure S’effondre après ce feu qui brise un corps. Rien — ni espoir ni doute — n’ouvre plus La porte où le soleil vient nous attendre. Les fruits profonds, par l’orage abattus, Sont morts : l’esprit possède enfin leur cendre ; Avide, — seul — et maître d’une nuit Où le ciel pleut, où le mouvement plonge, Où, sur l’objet qu’il efface, bondit...